Gaâda
Gaâda sème le vent. Nos corps en récoltent le tempo.
Vent des tribus qui, sandjak oriflamme déployée, chantent et
dansent ; processions de tribus qu’un même vent a fédérées en
peuple.
Au commencement était l’exil de l’esclavage. De la rencontre de
descendants d’esclaves africains et de l’Islam est née la confrérie
des Gnawa. Au cœur du Sahara, et sur son pourtour, Noirs, Berbères,
Arabes, ont au fil des siècles tissé les rythmes, les musiques qui
disent la ferveur, soupir de l’opprimé adressant aux cieux une
prière lancinante. Rythmes et musiques dépouillés, sans faste, tout
empreints de la simplicité de la vie dans les territoires de l’éveil
à la soif, le désert ; antienne rappelant la petitesse de l’homme
devant l’immensité. Rythmes et musiques dépouillés pour célébrer
avec une force exceptionnelle le miracle de la vie.
Quelques exils plus tard, des travailleurs immigrés originaires de
Béchar se rencontrent le dimanche, pour effacer les plis creusés par
le labeur de la semaine, retrouver un bout de leur pays ; une
hadhra-être présent, pour chanter le Diwane sur le mode traditionnel
au rythme des seules percussions.
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